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Phase II, dynamisme strombolien

Au nord de la région du Cap-d’Agde, le système éruptif s’isole de l’eau par déplacement de la zone inondée vers le sud. On passe d’un dynamisme hydromagmatique à un dynamisme de type strombolien.

Mont Saint-Loup, principal édifice strombolien de la région du Cap-d’Agde (Alain Guillon).
Photo 5 - Mont Saint-Loup, principal édifice strombolien de la région du Cap-d’Agde (Alain Guillon).

L’édifice volcanique le plus représentatif de cet épisode est le mont Saint-Loup (photo 5). Au NE du cône, on trouve les restes de la coulée de Baldy-Batipaume (photo 6), coulée de basalte riche en gaz avec un faciès vacuolaire, à l’intersection de la N112 et de la D912, à l’est d’Agde. Cette coulée ne présente pas de semelle scoriacée, elle thermométamorphise les tufs jaunes (dépôts hydromagmatiques) dans lesquels on observe quelques bombes de nature basaltique de petite taille.

Coulée prismée de Baldy-Batipaume (Alain Guillon).
Photo 6 - Coulée prismée de Baldy-Batipaume (Alain Guillon).

Le passage à un système strombolien avec des dépôts de scories basaltiques montre, dans certaines zones de dépôts (photo 7), que l’eau encore présente finit par disparaître complètement. Il y a alternances de dépôts noirs (scories stromboliennes) et jaunes (mêmes dépôts, mais palagonitisés).

 Alternance de dépôts phréatomagmatiques (tufs jaunes), de dépôts scoriacés anhydres et palagonitisés (Alain Guillon).
Photo 7 - Alternance de dépôts phréatomagmatiques (tufs jaunes), de dépôts scoriacés anhydres et palagonitisés (Alain Guillon).

Cette vue, prise le long de la falaise du rocher d’Agde, montre l’évolution type du régime phréatomagmatique à un régime strombolien anhydre :

1. Niveaux de tufs jaunes indiquant la présence d’eau dans la zone d’émission des laves avec un dynamisme de maar. La granulométrie plus homogène et fine semble indiquer que l’on s’éloigne du centre d’émission par rapport à la zone de la plage de la Conque.

2. Alternance de tufs jaunes et de dépôts stromboliens, traduisant le passage d’un régime phréatique à un système anhydre, strombolien. A la base de ce niveau, les dépôts de tufs jaunes sont plus nombreux que les retombées stromboliennes. La tendance s’inverse au fur et à mesure que l’on monte dans la coupe. Vers le sommet de cette zone, la majorité des retombées sont stromboliennes, les niveaux de tufs jaunes sont de moins en moins nombreux et de plus faible épaisseur.

3. À partir de cette zone, les niveaux de tufs jaunes ont disparu, seuls des retombées stromboliennes sont visibles.
On remarque une alternance de dépôts stromboliens noirs (dépôts en zone aérienne) et des dépôts stromboliens palagonitisés jaunes indiquant un dépôt en milieu aqueux. Le balancement des marées pourrait expliquer cette alternance, mais dans une zone peu étendue car, sur d’autres affleurements, les dépôts stromboliens palagonitisés sont absents.

4. Au sommet de certaines zones de la falaise, on trouve des tufs gris au-dessus des dépôts stromboliens. Ces zones indiquent que d’autres centres éruptifs (par ex. la Clape au NE) sont encore dans un dynamisme phréatomagmatique, la région présentant à cette période un recul des zones humides du nord vers le sud.
Dans certains endroits de cette falaise, le sommet des dépôts stromboliens est cacheté par des coulées de basalte présentant une pente nette vers la mer.

Mise en place des édifices stromboliens au-dessus du maar du mont Saint-Loup.

Schéma 2 - Mise en place des édifices stromboliens au-dessus du maar du mont Saint-Loup.