Jusqu’aux années 70,  l’interprétation qui prévalait pour la série du Bas-Limousin, était celle d’un  gradient « dalradien » prograde, aboutissant à la transition ultime disthène-sillimanite,  puis à la   migmatisation. Mais elle se révèle trop simple pour expliquer  l’association spatiale intime, à l’Est de Tulle, d’unités rétrogrades, de haute  pression, à faciès d’éclogites, avec des unités dalradiennes progrades.  Ces dernières ont manifestement été recristallisées, dans des 
  conditions dynamiques de grandes  déformations. Or cette association est reproduite à grande échelle, sur la  bordure ouest du  massif armoricain et du  massif central, suggérant un lien avec les phénomènes de collision et de  subduction responsables de l’orogenèse hercynienne. 
   Comment est-on passé d’un gradient « franciscain », de haute  pression, à un gradient « dalradien », de moyennes pressions/hautes  températures ? 
   Le cinquième entretien « géodynamique et métamorphisme des  hautes pressions » évoque déjà ces questions. Pour l’explication  détaillée, on se reportera utilement à l’ouvrage de J.Kornprobst, métamorphisme  et roches métamorphiques, signification géodynamique (DUNOD),  et aux articles référencés dans cet ouvrage. 
      
         Nous résumons ci-dessous les conclusions des auteurs référencés : 
         
      -     a) un  biseau continental s’insère dans la subduction à la suite de la croûte  océanique, en noir sur la figure 35, déjà commentée dans le cinquième  entretien (planche 23 bis). Son épaississement croissant se fait par empilement  d’écailles les unes sur les autres : ce sont les bandes parallèles de  terrains métamorphiques, dont la disposition est si frappante sur la carte  géologique ; c’est la remarque préliminaire du §1 d’introduction. 
      
        
          -     b) L’empilage  des écailles de la croûte continentale aboutit au ralentissement de sa plongée,  au blocage de l’enfouissement et à son réchauffement par conduction à partir de  la radioactivité interne, produisant un gradient prograde typique du modèle  dalradien.  
                -    c) Les unités de la croûte océanique, qui ont subi un  enfouissement précoce et de hautes pressions, sont également celles qui  subissent une exhumation tectonique rapide, par poussée d’Archimède, avec son  cortège de réactions rétrogrades, décrites dans le cinquième entretien. | 
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          Figure 35  | 
         
       
        Il reste à donner une réponse à  l’« énigme » posée dans l’introduction sur la présence de métabasites à faciès d’éclogites, au sein des métapélites des gneiss gris z2, au  Nord de Tulle. 
  La réponse est d’ordre mécanique, et elle est  particulièrement éloquente sur le terrain, quand on compare les structures et  les textures très différentes de ces deux types de roches. Nous reproduisons  ici l’explication donnée dans l’ouvrage de J.Kornprobst, (opus cité).
      « Cette préservation métastable des assemblages de  haute pression dans les métabasites indique que  l'ensemble des unités qui les contiennent — métapélites comprises — ont initialement recristallisé dans  les conditions de HP. La diversité du  comportement rétrograde est due à l'hétérogénéité de la déformation  postéclogitique : les métapélites plastiques ont été déformées  intimement; elles ont recristallisé  totalement, ou presque totalement (il existe en effet des reliques de HP dans  certaines d'entre elles), dans les conditions de basse pression. 
    Les métabasites éclogitisées, beaucoup plus rigides, faiblement ou  non déformées au cœur des affleurements,  n'ont subi que des recristallisations statiques peu efficaces …Ces  recristallisation ont ainsi laissé subsister  des reliques de HP plus ou moins coronitisées* …ou dispersées dans une matrice symplectitique*. »     |